Saignon – Eglise Notre-Dame

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Saignon – Eglise Notre-Dame

Pourquoi est-elle si belle ?

Edifiée sur un rocher à cheval sur deux vallées, l’église Notre-Dame apparait de loin quelque soit le chemin emprunté pour se rendre à Saignon.

Les pèlerins de Compostelle ne pouvaient certes pas la manquer. D’où qu’ils arrivaient, de l’Ouest en suivant la voie Domitienne ou bien des Alpes, pouvaient-ils imaginer plus beau marqueur du paysage ?

Dotée d’une exceptionnelle situation, l’église Notre-Dame présente une autre particularité rare. Celle de ne pas avoir été dénaturée au fil des siècles.

Construite au XIIè siècle, l’église est restée telle qu’elle était à sa construction d’origine, un édifice purement roman. Et même
lorsqu’en 1755, l’architecte avignonnais François Franque y conduit des travaux importants, il en préserve le caractère simple et majestueux d’origine.

Ainsi, aujourd’hui encore, de sa construction initiale du XII ème siècle, l’église garde intacts un chevet couvert de lauzes, une nef unique, un choeur doté de colonnes de marbre rose provenant en partie d’une villa romaine située dans la vallée en contre-bas ainsi qu’une série de rares vases accoustiques.

Au milieu du 18è siècle, sous la conduite de Franque, la voûte centrale est surélevée et redessinée en voûte d’arêtes. Les contreforts, qui s’élevaient à 5 m au-dessus du sol, sont surélevés. (De l’extérieur, on voit bien la différence de pierres entre les contreforts d’origine et la partie rehaussée et incurvée). La toiture de la nef est recouverte non plus de lauzes mais de tuiles.
La façade, ornée d’arcatures trilobées originales inspirées d’une architecture du centre de la France, reste aveugle.
Des ouvertures sont percées en partie haute.
Les chapelles latérales, jusque là très peu profondes voire inexistantes, sont agrandies pour mettre en valeur des retables.
L’un de ces retables très richement décoré, datant du milieu du 17è siècle et par la suite remanié dans un décor empire, présente la caractéristique d’être le seul retable de pierre du Vaucluse. Il hébergera, il est vrai, un morceau de la Croix de Jésus, rapportée dit-on de Jerusalem et offerte à l’église de Saignon en 1346 par la reine Jeanne. La relique sera authentifiée en 1365 par un concile d’Apt et attirera une foule immense de pèlerins.

Au tournant des années 2000, des infiltrations exigeront des travaux. La voûte d’arêtes sera doublée à l’intérieur par une voûte arrondie. Mais, au cours des siècles, l’église ne subira pas comme tant d’autres, des influences architecturales multiples, voire contradictoires.

Ainsi, en près de mille ans d’existence, l’église Notre-Dame de Saignon a conservé son caractère roman d’origine, magnifié par une plus grande clarté sans pour autant être dénaturé. Et c’est pourquoi elle reste si belle dans sa majestueuse simplicité.

Geneviève Dupoux